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10 janvier 2006

Lettre ouverte à ne pas laisser lettre morte

Lettre ouverte à ne pas laisser lettre morte.

« J’ai refusé de servir d’indique … »
Voilà le titre que l’on pourrait donner à ce témoignage car tout part de là, tout est parti d’un complot pour déstabiliser un homme qui n’a pas voulu être docile et obéir à l’administration.
Quand la justice crée l’injustice …
Ou les déboires d’un homme face à l’administration

TEMOIGNAGE :
Je suis un homme de bonne famille ayant un travail, un logement, et une vie sociale. Je suis comme il plait à certains de le dire l’exemple d’une intégration réussie.
Je suis d’origine maghrébine et musulmane, étant né dans mon pays je ne suis pas français mais pour moi c’est comme si je l’étais. Ma famille a immigré en France, je n’étais qu’un bébé et j’ai effectué toute ma scolarité ici. Plus tard, j’ai arrêté mes études supérieures pour devenir entrepreneur dans la construction et réalisation de maisons individuelles. J’habite et travaille dans les Bouches du Rhône en région PACA.
Mon enfance et mon adolescence se sont déroulées le plus normalement du monde. Comme la majorité d’entre nous, je suis sorti, je me suis amusé, je me suis instruit, j’ai milité, et je milite encore pour mes idées dans de nombreuses associations.

A l’heure actuelle, mes connaissances sont diverses, je ne pense pas me vanter en disant que j’ai un esprit curieux de tout, de la vie, et surtout des autres. Et je tiens à ajouter de tous les autres, quelles que soient leur origine, leur appartenance religieuse et leur couleur de peau. Toutes mes idées (non pas idéologie) sont dans cet état d’esprit.
Je pense avoir une certaine capacité d’auto critique et de réflexion quant à mes décisions et orientations. Ceci à tous les niveaux de ma vie.
Je ne suis pas extrémiste, ni fondamentaliste ma seule véritable religion c’est de croire en la nature humaine.
J’ai été et je suis un exemple d’intégration réussie et ma citoyenneté n’est plus à prouver.

La preuve en est qu’il y a de cela quelques années la Direction générale de sécurité du territoire français m’a demandé de servir d’indique.
C’est là tout mon drame.
J’ai refusé ne me sentant pas la capacité ni la volonté de le faire.
J’ai refusé du coup les bénéfices et les privilèges que l’on accorde dans ce type de fonction : sécurité d’emploi, gains financiers conséquents, reconnaissance sociale, naturalisation française immédiate …
Et je me suis attiré les pires outrages, sans doute motivés par la haine que l’on peut avoir à l’égard d’un homme dans ma condition. Je ne le savais pas encore.
Surtout ce que je ne soupçonnais pas c’est que leur politique était « avec nous ou contre nous ! » Et entre les deux rien.

Moi ce que je voulais c’était vivre comme tout le monde, je n’aspirais pas à ça et je n’avais rien demandé.
Quand ils m’ont reçu, ils m’ont dit : « Tu es quelqu’un de bien, sans histoire, tu pourrais servir la France. Tes origines peuvent t’aider à t’intégrer dans le milieu islamiste en France et nous révéler ce qu’il s’y complote. Tu ne peux pas refuser, regarde ce qui se passe dans ton pays (l’Algérie), le FIS (Le Front Islamiste du Salut) massacre toute la population, tous les tiens. Regarde ces photos » Ils me présentaient alors des scènes de crimes abominables, « une véritable boucherie » j’en étais écœuré.

Je n’étais alors qu‘un étudiant, avec des ambitions tout autre. Evidemment j’étais horrifié par ce qui se passait en Algérie mais je ne voulais pas de la vie qu’ils me proposaient.
Ils en ont sans doute conclus vue la suite des évènements que j’étais partisan de cette horreur et que je l’encourageais. Même si bien sûr rien dans mon attitude ne le laissait penser.
Donc après cet événement, j’ai continué à vivre et à essayer de réaliser mes projets qui étaient de créer ma propre société, car je n’avais plus les moyens financiers de poursuivre mes études. Je voulais être si ma situation sociale l’avait permis : enseignant.
Je n’avais à ce moment là ni l’argent, ni la possibilité de prétendre à une bourse, et ni même la conviction d’entrer dans l’éducation nationale sans être naturalisé français.
Mais j’ai tout de même nourri l’espoir de le devenir un jour, alors j’ai fait des démarches dans le but d’être français et de reprendre mes études. A cette occasion j’ai comme toute personne souhaitant être naturalisée déposé une demande auprès de la préfecture de mon département. La réponse a été négative.
La France m’a répondu « nous ne voulons pas de vous comme citoyen français ! »
Une catastrophe pour moi. Moi qui avais planifié ma vie en fonction de cela, je n’avais aucune raison de croire qu’elle pouvait m’être refusée tous mes frères et sœur sont naturalisés.
Déçu par cette décision qui émanait de la Direction de l’immigration en France, je demande en recours une révision de mon dossier. Pour cela je prends un avocat.
Voilà ce que j’ai appris.
Ma naturalisation a été refusée car selon l’enquête qui a été menée il est prétendu que j’ai à l’occasion de réunions clandestines dans ma ville, tenu avec un groupe radicale fondamentaliste islamiste, des propos xénophobes et antisémites pour défendre mon idéologie palestinienne.
Ça m’a brisé !
Quand mon avocat a demandé des preuves, ils ont répondu quelque chose comme « c’est secret-défense »
Le pire c’est qu’ils y ont cru alors qu’il n’a été apporté à ces allégations aucuns témoignages et aucunes preuves des faits.
Je ne comprenais pas, comment pouvait on me diffamer à ce point ? Quelle menace je pouvais représenter pour l’Etat français pour qu’on invente des propos aussi absurdes et bien loin de ce que je peux être ?
J’ai alors compris que mon refus quelque temps plutôt de faire parti des indiques de la police m’avait été fatal. J’ai pensé alors : « Ils me l’ont bien fait payer ! »
Il y a là un paradoxe qui d’ailleurs a été repris par mon avocat : si j’avais été dans un tel état d’esprit de haine envers mon prochain, d’intolérance et de mépris, comment ce fait il que l’on m’ait demandé d’aider la police en justement dénonçant ce genre d’attitude ?
C’est à n’y rien comprendre.
Ma requête a donc était déboutée et ma naturalisation de nouveau rejetée .
Etant d’un naturel optimiste et croyant que la vérité ne tarderait pas à se faire entendre je me suis dit que je pourrais plus tard refaire une demande et qu’entre temps je devais en informer les plus hautes autorités de la région. Je me suis rendu chez une autorité en la matière, le préfet.
Il semblait fort intéressé par mon affaire. Je me revois sortir de l’entretien très confiant. Il m’avait rassuré en me promettant de faire le nécessaire pour faire rétablir la vérité afin que je puisse avoir ma naturalisation.
J’ai donc attendu, attendu, attendu, attendu … plus de nouvelles !
Alors je me suis consacré à la création de ma première société et me suis presque fait une raison. Même si dans mon fort intérieur je brûlais de rage et d’indignation. Non pas pour les papiers, ce n’était plus de cela dont il s’agissait mais de ces calomnies, ces immondices tenu en mon nom. Moi un raciste, un antisémite, tenant des propos propagandistes de meneurs islamistes terroristes ? C’est un véritable scénario de film !
Mes relations ne m’ont pas aider, « c’était des accusations trop graves qu’on avait eu à mon encontre, de leur avis cela pouvait compromettre sérieusement leur avenir. »
Pour des raisons de « conjoncture politique » m’a t on dit plus tard.
Mon avocat m’a conseillé de la « mettre en sourdine » que lui ne pouvait plus rien sinon ceci allait lui causer du tort au vu des événements et de la politique de l’époque.
Personne alors ne m’a aidé.
Mais le pire n’était pas passé, il était à venir.
Un autre événement découlant directement de cette histoire est arrivé et a radicalement bouleversé mon existence.
Quelques temps après j’ai été arrêté par la police pour un simple contrôle d’identité, qui s’est terminé par un passage à tabac humiliant et déshonorant.
Ce soir là je roulais en direction de Vitrolles pour y retrouver ma petite amie. Sur le chemin la police m’interpelle.
Voici comment la scène s’est déroulée :
Je me range sur le bas coté, il m’est demandé de présenter les papiers du véhicule. Je leur précise qu’ils se trouvent dans ma mallette qui est dans le coffre arrière de la voiture. Ils me laissent sortir et ouvrir le coffre. Au moment d’ouvrir la mallette, l’un d’entre eux me saisit le bras et je ressens une douleur épouvantable me parcourir le corps, je ne m’y attendais pas, l’attitudes des policiers à ce moment là m’a laissé croire qu’ils étaient dans une autre disposition d’esprit. Alors dans un réflexe de protection je me suis défendu. J’ai bousculé le policier. La seconde d’après je me suis retrouvé avec un pistolet appuyé contre la tête et des menottes aux poignets.
Malheur à moi je venais de commettre l’irréparable.
Ils m’ont jeté à terre et rué de coups. Ceci a continué dans le fourgon et durant toute la garde à vue. Ils m’ont insulté ! Humilié ! Bafoué ! Frappé. Ils m’ont craché dessus, ils m’ont traité de « sale bougnoule » à plusieurs reprises, et tabassé, ils ont même uriné sur ma veste …Tout ceci pendant que j’étais attaché au radiateur avec les menottes.
Aujourd’hui je ne peux pas oublier, à chaque fois que j’y repense, je ressens comme des douleurs aux côtes, celles-là même qu’ils m’ont cassées.
Après plusieurs heures à vivre ça, je perds connaissance et me retrouve à l’hôpital. A moitié mort. J’avais une hémorragie interne et j’étais opérable à tout instant.
Je me revois aujourd’hui encore dans cette chambre d’hôpital avec ces douleurs et le bruit de l’électrocardiographe résonne toujours en moi.
Et comble du comble, au moment où j’ai perdu connaissance les policiers m’ont giflé en me sommant d’arrêter de « jouer la comédie »
Ils ne se rendaient pas compte ?
Quand il m’ont « traîné » à l’hôpital je me souviens d’un détail, c’est leur air satisfait d’avoir à exhiber devant tous leur triomphe.
Quelle honte !
Mon père averti m’a trouvé à demi conscient et au moment de s’approcher de moi l’un des policiers posté là l’a traité de « bougnoule » et lui a interdit de me toucher.
J’ai eu mal, mal pour mon père, mal dans ma chair.
Par la suite j’ai porté plainte contre ces trois policiers. Les faits ont été reconnus et le plus incroyable encore c’est qu’ils ont menti dans un premier temps au juge. Disant qu’il n’y avait qu’un policier et qu’il n’avait fait que se protéger contre un individu dangereux.
Mais voyant que je persistais à dénoncer d’autres policiers présents dans la salle. Le juge les a fait convoquer et ils ont avoué.
Puis il m’a proposé de laisser là cette affaire, et que de toute façon il y avait un vice de procédure, le préfet n’avait pas été averti de mon arrestation.
Je pourrais par conséquent avoir un casier judiciaire vierge.
Super la justice !
J’ai gagné la reconnaissance des faits et perdu ma dignité.
Mon casier judiciaire est vierge c’est sûr mais ma tête est pleine de cette histoire, trop pleine, beaucoup trop… Là encore aujourd’hui.
Quand je disais que cette affaire découlait de la précédente c’est dans ce fait :
Lors du contrôle d’identité, les policiers ont téléphoné à leur quartier général et on leur a dit ceci : en tout cas c’est l’hypothèse que je me suis faite,
« Cet individu n’a jamais commis d’infractions mais il ressort qu’il n’a pas été un bon citoyen, faites en ce que vous voulez ! »
Et ça n’a pas raté, il ne m’ont pas raté.
Qu’est ce que j’ai bien pu faire ?
J’ai refusé de servir d’indique !
Le cauchemar continu …
Dernièrement j’ai égaré mes papiers d’identité « ma carte de résidence » et j’en ai demandé le renouvellement comme il est de coutume de le faire dans ce genre de situation.
Je reçois un appel téléphonique de la part de la police qui me demande, de me présenter à la préfecture et j’apprends qu’une enquête a été demandé dans le but de savoir si je faisais du trafic de faux papiers.
On a diligenté une enquête ! Ça m’a mis hors de moi, trop c’est trop ! Je me suis rendu là-bas et me suis fait sérieusement entendre. Désolé, je n’ai plus que de la colère envers tout ce qui représente l’autorité.
Je ne peux plus me contenir. Cette affaire, me suis je dit doit se faire connaître, je ne veux pas uniquement une nationalité mais des excuses pour toutes ses humiliations et ces outrages, pour rétablir la vérité et que l’on cesse de me harceler !
Je ne suis pas fabulateur, je ne délire pas. De tout ceci j’ai gardé des traces indélébiles, elles sont essentiellement morales mais avant tout elles sont écrites et constituent pour moi des preuves accablantes contre les personnes qui m’ont déshonoré.
Je suis peut être trop utopiste mais la seule chose que l’on puisse me reprocher : c’est de demander réparation.
Voilà, je suis un homme comme tous les autres sans particularité aucune sauf d’avoir vécu les pires outrages et humiliations de la part d’un pays qui était devenu le mien par choix de cœur.
A ceux qui sont sensible à ce genre d’injustice
A ceux qui ont des amis victimes de ce genre d’événements et
A ceux qui ont vécu la même histoire …
Je m’associe pour dénoncer, l’ « indénonçable » !
Et pour réfléchir …
« Nul n’est censé ignorer la loi » : Rappelons juste pour mémoire ce que dit la Convention des Droits de l’Homme de 1946 citée au préambule du projet de Constitution française :
Article 9 : « Nul ne peut être poursuivi, arrêté ou détenu que dans les cas déterminés par la loi et selon les formes qu’elle a prescrites » … « Toute rigueur ou contrainte qui n’est pas nécessaire pour appréhender une personne ou la maintenir en détention ainsi que toute pression morale ou brutalité physique, notamment pendant l’interrogatoire, sont interdites » …
Article 13 : « Nul ne peut être inquiété en raison de ses origines, de ses opinions ou croyances en matière religieuse, philosophique et politique »
Article 38 : « Nul ne saurait être placé dans une situation d’infériorité économique, sociale ou politique contraire à sa dignité et permettant son exploitation en raison de son sexe, de son âge, de sa couleur, de sa nationalité, de sa religion de ses opinions, de ses origines ethniques ou autres » … « Toute propagande contraire aux dispositions ci-dessus sera punie par la loi. »

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