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01 juillet 2006

Sarkozy et le double langage

Communiqué d'Uni(e)s contre une immigration jetable

Sarkozy et le double langage
Le ministre de l’Intérieur aime à démontrer qu’en matière d’immigration il sait allier fermeté et humanité et, par là même, donne régulièrement au Français des leçons sur le maniement du double langage. C’est ainsi que, lors de l’ouverture des débats au Sénat sur la loi Immigration et intégration, il a déclaré que « lorsqu’un enfant étranger est né en France ou qu’il y est arrivé en très bas âge, qu’il est scolarisé en France, qu’il ne parle pas la langue de son pays d’origine, qu’il n’a donc aucun lien avec ce pays, il serait très cruel de l’y reconduire de force (...) Son départ serait alors vécu comme une véritable expatriation et comme un déracinement ».

A ceux qui pourraient en déduire que ces milliers de familles pour lesquelles, depuis plusieurs mois, enseignants, parents d’élèves et associations se mobilisent, vont enfin pourvoir obtenir la régularisation de leur séjour, il faut préciser que cette mesure « juste et humaine » s’est concrétisée le 13 juin par une circulaire insistant auprès des préfets sur « le caractère ponctuel de ces dispositions d’admission exceptionnelle au séjour », l’objectif prioritaire étant de proposer à ces familles une « aide au retour volontaire » assortie d’un pactole de 4 500 euros pour un couple avec un enfant, voire 9 000 euros si la démarche est entreprise avant la fin de l’été. Belle humanisme que voila !
Dans les préfectures, les agents de l’Etat n’ont de cesse de faire signer ce fameux papier d’aide au retour et se montrent nettement moins empressés à examiner les conditions de délivrance de la carte « vie privée et familiale » espérée.
Et pendant ce temps, les expulsions se poursuivent... Mieux encore, la double peine est réactivée.

En 2003, le ministre de l’Intérieur n’avait-il pourtant pas largement communiqué sur le fait que la « double peine est inhumaine (...), contraire à l’intérêt général car elle provoque l’éclatement des familles » ? La « double peine » figure pourtant toujours dans la loi, elle est toujours mise en œuvre et, aujourd’hui, les pouvoirs publics s’apprêtent à expulser un homme, installé en France depuis des années, marié à une Française, parent de trois enfants français (dont la petite dernière âgée de 6 ans scolarisée).

Pourquoi ? Parce que, en 1993, à la suite d’une condamnation pénale et deux ans de prison, M. MESSAMER s’est vu signifier une interdiction du territoire qui, depuis, n’a jamais été mise à exécution. Pendant 13 ans, il a réussi à se reconstruire socialement en créant sa propre entreprise, à vivre auprès des siens et n’a plus jamais eu affaire à la justice. Mardi 27 juin, une brigade de police est venue à son domicile, défonçant sa porte en présence de toute la famille, pour le conduire au centre de rétention du Mesnil Amelot où il attend, dans la peur, d’être éloigné des siens pour un délit commis il y a plus de 15 ans...
Humanité, rigueur, justice ? De quel terme le ministre de l’Intérieur peut-il qualifier le sort qui attend M. MESSAMER ?

Le Collectif « Uni-e-s contre une immigration jetable » dénonce cette nouvelle mesure de répression à l’égard d’un étranger - pourtant « intégré » selon les critères de la loi sur l’Immigration et l’intégration - et demande la libération de M. MESSAMER.
Paris, le 30 juin 2006

Voir aussi « Le livre noir de la double peine - Le combat d’un mensonge », mars 2006.

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