autres.ment

29 décembre 2005

Le déserteur

Ma lettre au président de Axiom s'est inspiré de cette chanson de Boris Vian.
Je vous la transmet chers blogonautes, vous la lirez peut-être si vous avez le temps.
A écouter (cliquer en haut de la page web) : le déserteur


Monsieur le président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps.
Je viens de recevoires papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir.
Monsieur le président
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur Terre
Pour tuer des pauvres gens.
C'est pas pour vous fâcher,
Il faut que je vous dise,
Ma décision est prise,
Je m'en vais déserter.
Depuis que je suis né,
J'ai vu mourir mon père,
J'ai vu partir mes frères
Et pleurer mes enfants.
Ma mère a tant souffert
Qu'elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers.
Quand j'étais prisonnier,
On m'a volé ma femme,
On m'a volé mon âme,
Et tout mon cher passé.
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes,
J'irai sur les chemins.
Je mendierai ma vie
Sur les routes de France,
De Bretagne en Provence
Et je crierai aux gens :
« Refusez d’obéir,Refusez de la faire,
N’allez pas à la guerre,
Refusez de partir. »
S’il faut donner son sang,
Allez donner le vôtre,
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le président.
Si vous me poursuivez,
Prévenez vos gendarmes
"Que je n’aurai pas d’armes
Et qu’ils pourront tirer."
- 15 Fév. 1954 -
Chanson de Boris Vian
_____
La version initiale des derniers vers était:
"Prévenez vos gendarmes
que j'emporte des armes
et que je sais tirer ..."
Boris Vian a accepté la modification de son ami Mouloudji pour conserver le côté pacifiste de la chanson !
autres interprètes: Serge Reggiani, Richard Anthony, Claude Vinci, Mouloudji

1 Comments:

At vendredi, 30 décembre, 2005, Blogger Administratrice clé said...

Nous sommes au coeur d'un paradoxe intéressant. La seconde version, qui est la plus chantée, prône le pacifisme :
"Prévenez vos gendarmes
Que je n’aurai pas d’armes
Et qu’ils pourront tirer."
Il est vrai que si je prends mes actes comme modèles universalisables, si je choisis le pacifisme, si tout le monde décidait de déserter cela voudrait dire qu'il n'y a plus de guerre. Si je ne fais pas la guerre, personne ne va me faire la guerre.

Sauf que ça ne se passe pas comme ça.
En face, ils n'hésiteront pas à tirer, d'où le couplet originel écrit par Boris Vian dans lequel le déserteur se défend :
"Prévenez vos gendarmes
que j'emporte des armes
et que je sais tirer..."

C'est de la légitime défense.
Cette fin est moins suicidaire que l'autre...peut-être...

 

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