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19 janvier 2006

Cyber@ction 158 BURKINA FASO - YVES ROCHER CONTRE LES FEMMES

Pour montrer que la mobilisation paie
De: Réseau-Solidarité
Négociations de dernière minute :
D’après nos informations directes avec la CGT-B, un accord de principe vient d’être conclu, aujourd’hui 16 janvier, entre les ouvrières de La Gacilienne et Messieurs Christian MERS et Gérard LANCNER représentants du Groupe Yves ROCHER.
Les principales dispositions de l'accord seraient :
-le cas de la déléguée syndicale licenciée sans autorisation sera réglé à la satisfaction de l'intéressée
-l'adhésion à l'association et la rédaction du projet ne sont pas obligatoires et ne conditionnent pas les paiements
-Des dispositions administratives sont en train d'être prises pour la signature et l'application de l'accord.

RAPPEL de la lutte et de la pétition qui avait circulé :
Il existe une pétition de la coordination "Egalité", pour soutenir les ouvrières licenciées de "La Gacilienne" au Burkina Faso et réclamer les indemnités auxquelles elles ont droit.
Dans un pays où la sécurité sociale n'existe pas, treize ouvrières sont décédées depuis le 1er août, entre autres par manque d'argent pour couvrir les frais médicaux.
Vous pouvez signer cette pétition en ligne sur le lien suivant :
http://www.survie-pif.ras.eu.org/appel/

Pour en savoir plus :
Au Burkina, Yves Rocher n'embellit pas les femmes, il les exploite !
Présentée comme une oeuvre humanitaire, la création au Burkina d'une filiale du groupe cosmétique s'est vite transformée en enfer pour les ouvrières. Une fois syndiquées, elles ont été aussitôt licenciées.
« Un groupe et des marques unies par une même passion : rendre le quotidien de la femme plus agréable. » Flirtant avec un idéalisme machiste, le slogan laisse rêveur...
Tout particulièrement au vu de l'épopée sociale des 133 ouvrières de La Gacilienne, filiale d'Yves Rocher au Burkina. Pendant neuf ans, le géant de la recherche et de la distribution de cosmétiques a exploité des femmes sous le couvert d'un projet de développement, avant de les licencier lorsqu'elles ont voulu défendre leurs droits.
À coup de pétition, de pression syndicale et de mobilisation citoyenne, un collectif d'une trentaine d'organisations(CGT, ATTAC, Femmes solidaires, CFDT, FO...) lance aujourd'hui une campagne en France pour aider les ouvrières burkinabées et pointer les dissonances d'Yves Rocher qui, fuyant ses responsabilités, a subitement décidé de fermer La Gacilienne le 1er août dernier.
À l'origine, La Gacilly, une petite ville du Morbihan. Fief du groupe de cosmétiques, La Gacilly accueille son siège social. Yves Rocher(PDG fondateur de l'entreprise) y est même maire depuis 1961. Afin d'affiner l'image de sa « chère commune », il lance en 1996 un projet de développement pour le Burkina, à grand renfort de subventions publiques locales. Le but, selon Yves Rocher, est d'« aider à l'essor économique d'un des pays les plus pauvres du monde en promouvant des initiatives économiques locales ».
D'un côté, « un projet à vocation humanitaire » ; d'un autre, une multinationale toujours en quête de main-d'oeuvre pas chère pour ses travaux de fabrication à la chaîne.
Le raccourci est vite fait. Début 1996, La Gacilienne est créée enbanlieue de Ouagadougou, la capitale burkinabée. Détenue à 97 % par Yves Rocher, cette entreprise embauche 133 ouvrières pour fabriquer des sachets de plastique et des rouleaux de tombola que le groupe distribue à ses clientes.
« Dans un pays où seulement 15 % de la population active travaille dans le secteur formel, nous avons vu l'arrivée de La Gacilienne comme un moyen de passer de logiques de survie à des logiques de vie », témoigne Lucienne, une ancienne salariée, dans un DVD produit par le comité de soutien français.
Mais très vite, les ouvrières ont déchanté. Confinées dans un entrepôt mal éclairé et non aéré, Lucienne et ses collègues découvrent des pratiques patronales dignes de l'époque coloniale. Durant la dizaine d'heures de travail quotidien, les ouvrières entassées sur des bancs ne peuvent ni parler entre elles, ni s'étirer, ni bailler sous peine de se voir supprimer une demi-journée de salaire.
En cas de retard de quelques minutes, elles risquent une mise à pied allant de sept à dix jours. Face à ces accusations, la chargée de communication pour le groupe Yves Rocher explique.
« Il faut relocaliser le contexte : dans ces pays, là-bas, il existe une culture du bavardage qu'il faut contenir pour maintenir une certaine productivité. »
À cet argumentaire raciste s'ajoutent l'absence de congés maternité, la non-prise en compte des heures d'allaitement dans le paiement des salaires, l'absence de visite médicale... et des cadences infernales. « Sous prétexte de subites grosses commandes à honorer dans les plus brefs délais, la direction nous demandait detravailler toujours plus vite : ainsi, nous arrivions à faire en deux mois des travaux originellement réalisables en six mois », raconteNathalie Gandéma, la déléguée syndicale CGT-B de La Gacilienne.
Le pire, selon les témoignages des ouvrières, c'est qu'une fois terminés, les produits finis ne sont pas expédiés, mais entassés dans l'usine.
Clé de voûte de ces pratiques contraires au droit du travail burkinabé: une rémunération par heure et non par mois. « Due au chantage à l'emploi et aux menaces, notre grande productivité s'est retournée contre nous : une fois terminée une commande, l'on nous - mettait de force au chômage technique, bien évidemment impayé, pendant des semaines, des mois parfois. » En moyenne donc, la rémunération n'excède pas 15 euros par mois, soit un tiers du salaire minimal burkinabé.
En 2004, des membres de l'association française Coordination Femmes Égalité rencontrent ces ouvrières. Dans le même temps, plus de lamoitié du personnel de La Gacilienne décide de se syndiquer. « Nous sommes revenues révoltées avec la ferme intention d'agir en France, d'autant plus que la direction nationale de la CGT-B nous fournit les preuves des témoignages des ouvrières », se rappelle Ana Azaria,présidente de l'association.
Interpellé, le groupe Yves Rocher fait faire une inspection au sein de La Gacilienne.
Résultat : le rapport estime que la multinationale est victime d'une « opération de dénigrement».
Des responsables confédéraux du syndicat burkinabé demandent une entrevue avec Yves Rocher.
En vain... Jusqu'au 16 avril 2005, date à laquelle l'avocat du groupe au Burkina propose aux ouvrières de racheter l'entreprise. Dans l'incapacité financière, les ouvrières refusent.
Le 1er août, la filiale du groupe Yves Rocher ferme et procède au licenciement des 133 ouvrières. Sans explication et sans préavis.
Depuis, elles ne décolèrent pas : le 13 octobre, elles ont organisé une manifestation dans les rues de Ouagadougou pour revendiquer le versement d'indemnités de licenciement, mais aussi des dommages et intérêts à hauteur de 2 083 euros par ouvrière pour non-respect du Code du travail et réparation des préjudices subis pendant neuf ans.
Pour l'instant, Yves Rocher s'enferme dans le mutisme. Pourtant le temps presse. Dans un pays où la sécurité sociale n'existe pas, treize ouvrières sont décédées depuis le 1er août, entre autres par manque d'argent pour couvrir les frais médicaux.
cf : <http://www.humanite.fr/journal/2005-10-22/2005-10-22-816485>

Interview:
« Les entreprises ne font jamais dans la philanthropie »
Pour l'économiste Bernard Conte de l'université de Bordeaux, le groupeYves Rocher a la même ligne de conduite que toutes les autres firmes implantées en Afrique : il profite outrageusement d'une main-d'oeuvre à très bas prix.
Bernard Conte est économiste du développement et maître de conférence au centre d'études de l'Afrique noire de l'université de Bordeaux.
L'attitude du groupe Yves Rocher au Burkina est-elle symptomatique du comportement de multinationales en Afrique ?
Bernard Conte : La plupart des firmes occidentales implantées en Afrique adoptent une ligne de conduite similaire à celle d'Yves Rocher à Ouagadougou. Cet exemple donne à voir, tel un cas d'école, ce que peut produire la mondialisation néolibérale par la mise en concurrencedes territoires et le dumping social.
Les firmes multinationales ne font qu'appliquer la logique du profit maximal édictée par leurs actionnaires. Aussi horribles que soient les conditions de travail de ces ouvrières de La Gacilienne, cela se passe partout de la même façon aujourd'hui : en Afrique, en Asie, en Amérique latine...
Les entreprises ne font jamais dans la philanthropie. Et si, comme cela s'est passé au Burkina, il y a des revendications sociales, l'unité de production est supprimée ou déplacée. Profiter de la main-d'oeuvre à bas prix porte un nom : le taylorisme sanguinaire.
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Les gouvernements des pays d'Afrique noire peuvent-ils être un contrepoids efficace ?
Bernard Conte : L'exemple burkinabé est une micro-conséquence desprogrammes d'ajustement structurels et du consensus de Washington,imposés aux pays africains dès la crise de la dette en 1982. Les pays riches ont prêté de l'argent, mais sous conditions. Entre autres laprivatisation et la libéralisation. Et la guerre économique à laquellese livrent aujourd'hui en Afrique les impérialismes américain,européen ou chinois est permise car les firmes multinationales entretiennent des régimes prédateurs qui bradent les richesses des pays.
Qu'il s'agisse des ressources naturelles ou du coût de la main-d'oeuvre. Ce qui est symptomatique, c'est que les régimes et les élites au pouvoir changent mais la structure de prédation et les multinationales restent. Exemple, le 12 octobre dernier : la concession d'électricité de la filiale commune entre Bouygues et EDF en Côte d'Ivoire a été renouvelée pour quinze ans malgré les récents changements politiques et les discours antifrançais du président Gbagbo.
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Les projets de développement ne sont-ils pas des freins au libéralisme ?
Bernard Conte: L'Afrique reçoit très peu d'investissements directs :
moins de 1 % de l'investissement mondial. L'instabilité politique et sociale est le principal obstacle au développement de l'Afrique aujourd'hui. Mais il existe de nombreux projets initiés par des multinationales qui obtiennent des aides financières publiques.
Or un financement n'est jamais effectué de manière désintéressée. Il s'accompagne de contrepartie comme l'obtention de marchés pour des entreprises issues du territoire du prêteur. Certains projets de développement réussissent, quand ils sont initiés par des organisations non-gouvernementales. Or, contrairement à une entreprise, une ONG n'est pas tenue de dégager du profit. C'est pourquoi, la privatisation de l'aide au développement impulsée ces dernières années par les institutions internationales est une erreur car cela ne fait que renforcer l'élan néolibéral qui fait que le privé se substitue au public.
Entretien réalisé par Ch. C.

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