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05 mars 2006

Le blues du comique blasé

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<http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3230,36-744315,0.html>Desseins extrêmes au DanemarkLE MONDE 23.02.06 14h06 * Mis à jour le 23.02.06 14h06


La mi-septembre 2005, deux semaines avant la publication des caricatures deMahomet dans le quotidien Jyllands Posten, le Parti du peuple danois (DF)f ête ses dix ans d'existence.

Pour ce mouvement d'extrême droite, la fête est totale. Un hebdomadaire danois a publié sur toute sa "une" un portraitde Pia Kjaersgaard, la fondatrice du parti, sous ce gros titre explicite :"C'est moi qui décide.""Le chiffre magique, c'est 90, la majorité au Parlement", explique aujourd'hui Seren Espersen, député DF depuis les élections législatives defévrier 2005, où son parti a remporté 13,2 % des voix.

Après leur victoire sur les sociaux-démocrates en 2001, le Parti libéral et le Parti conservateur ont formé une coalition minoritaire, dépendante des élusd'extrême droite pour gouverner. Un pacte fut scellé. En échange de sonsoutien, le Parti du peuple exigea, notamment pour voter le budget, qu'unecentaine d'agences gouvernementales, associations et organisation non gouvernementales (ONG) travaillant essentiellement pour et avec lesimmigrés, soient fermées ou privées de financements publics. La coalition au pouvoir obtempéra.

"Nous avons perdu toutes nos subventions", se désole l'avocat Niels-ErikHansen, directeur du centre de documentation et de conseil sur la discrimination raciale, l'une des voix très critiques sur la politique d'immigration danoise. "C'est vrai, reconnaît tranquillement Seren Espersen,que pour ce qui concerne nos questions 'de coeur', comme l'immigration ou l'Etat-providence, c'est nous qui imposons l'agenda politique dans le pays.

"Depuis l'entrée en vigueur du nouvel Acte sur les étrangers, en 2002, les chiffres lui donnent raison. Le nombre de permis de séjour accordés pour les réfugiés ou leurs proches, au titre de la réunification familiale, a étédivisé par quatre depuis 2001 (4 676 en 2005). "On estime qu'il y a beaucoup moins de demandeurs d'asile, car ils savent désormais que la loi sur la réunification familiale rend difficile la venue de leurs parents au Danemark, note Jens Berg, un responsable du service danois d'immigration. On peut dire que la législation danoise envoie des signaux assez clairs."Un euphémisme dont ne s'embarrasse pas Bashy Quraishy, président d'Enar, leRéseau européen contre le racisme, financé par la Commission européenne :"Aucun pays de l'UE n'est aussi islamophobe et xénophobe", affirme ce Danois d'origine pakistanaise qui ausculte le pays depuis plus de deux décennies. Il y a des années que le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés et le Conseil de l'Europe s'alarment du durcissement.

La loi sur le regroupement familial est ubuesque. Elle dispose notamment que les deux conjoints doivent avoir au minimum 24 ans et prouver un "lien plus important au Danemark" qu'au pays d'origine pour espérer bénéficier duregroupement. Cette disposition a provoqué un flux de couples vers Malmö,ville suédoise séparée de Copenhague par un simple pont-tunnel de 16 kilomètres, rebaptisé le "pont de l'amour". De nombreux Danois "de souche" mariés à des étrangers ont tellement protesté contre cette loi que le gouvernement a dû l'amender. Désormais, toute personne ayant la citoyenneté danoise ou résidant légalement au Danemark depuis "au moins vingt-huit ans" n'a plus à démontrer son degré d'attachement au pays. Façon détournée d'épargner les Danois, qui se marient généralement plus tard que lesétrangers, ironisent certains. L'organisation Mariages sans frontières, créée pour l'occasion, a même misau point un "modèle suédois". Une soixantaine de couples feraient le voyagechaque mois vers Malmö. Katia Vesterkov, une jeune Danoise de 27 ans, asuivi ses conseils. Elle vit en Suède depuis cinq mois. Son mari estégyptien et il n'a que 19 ans. Ce n'était pas le seul tort du couple. Pourbénéficier du regroupement familial, la jeune femme ne devait pas avoir reçud'allocations publiques au cours des douze derniers mois. "Or j'en ai touchépendant un mois", sourit-elle amèrement.

Il y a d'autres contraintes difficiles à satisfaire : une garantie bancaire d'environ 7 400 euros doit être déposée pour compenser les éventuelles dépenses sociales de l'époux étranger. Et les couples doivent habiter dansun appartement de "taille décente", c'est-à-dire au moins 20 m2 par personne! Le "modèle suédois" permet de contourner ces obstacles. Katia a déménagéen Suède, et, en tant que citoyenne européenne, elle bénéficie de l'accordsur la libre circulation de la main-d'oeuvre au sein de l'UE. Après deux ans passés à Malmö, elle pourra, en tant que ressortissante nordique, demanderla nationalité suédoise. Puis redéménager vers son propre pays, avec son mari. Facile en apparence, mais éreintant, et surtout humiliant. L'époux nedécolère pas contre le Danemark. "Cela me blesse, dit la jeune femme. Jen'ai jamais eu de conflit avec mon pays. J'ai essayé de dire à mon mari quece n'était pas les gens, que c'était le gouvernement et leurs lois stupides.

Il est quand même triste de ne pas se sentir respecté dans le pays de sa femme." Le gouvernement a tenté de justifier le durcissement de seslégislations : "La loi est avant tout là pour limiter le très grand nombrede mariages forcés dans les milieux immigrés", expliquait Bertel Haarder, le ministre de l'immigration, en 2004. Ce à quoi Pia Kjaersgaard avaitrépliqué, impitoyable : "Dites la vérité : les durcissements des règles pourla réunification familiale ont été instaurés avant tout pour stopperl'arrivée d'étrangers qui étaient en train de mettre notre société àgenoux."L'extrême droite a également réussi à imposer, en décembre, un durcissement des conditions de naturalisation. L'examen de langue danoise, instauré en2002, est plus difficile, "ce qui revient à exclure toute une frange d'étrangers de faible niveau d'éducation", constate Birthe Samuelsen, professeure de danois, qui vient de lancer une pétition pour protestercontre ce nouveau tour de vis qui vise, selon elle, à ne laisser la porte ouverte qu'aux étrangers diplômés.

Olivier Truc

Article paru dans l'édition du 24.02.06

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